Il y a des jours où quand ça veut pas, ça veut pas!
A NyaungShwe, au bord du lac Inle, nous commençons par une rando à vélo. Tout le monde découvre le lac depuis l’eau en bateau, alors on s’est dit qu’on tenterait bien une expérience un peu différente, en espérant apercevoir les paysages sous un autre angle. Mais surtout Martial est en manque de vélo. Sevrage total depuis plus de 4 mois, il n’en peut plus!
Nous louons nos montures à côté de l’hôtel, et partons faire une boucle dans la campagne. Anatole est déçu, il avait une grosse envie de pédaler mais impossible de trouver un vélo à sa taille sans risquer la chute à chaque virage. Il sera donc condamné à rester assis sur mon porte bagage. Une fois passée la frustration, il est plutôt content de se laisser porter et m’encourage à fond dans les montées. Gabriel lui se retrouve sur un vélo d’adulte. C’est qu’il est grand pour les standards d’ici !
Nous voilà partis sur une route « peu fréquentée ». Bon, autant dire que nous n’avons pas la même notion du trafic... Nous qui aimons les pistes cyclables loin de toute circulation, nous sommes servis ! La route est étroite, pleine de nids de poule, des énormes camions nous doublent en nous klaxonnant dans les oreilles, des motos nous frôlent, nous devons régulièrement nous ranger sur le bas-côté pour éviter les voitures. Mmmm, un délice ! Heureusement qu’Anatole ne pédale pas !
Au bout d’un moment, il me fait remarquer « Maman c’est quoi ce bruit ? ». C’est vrai qu’il fait un drôle de bruit notre vélo, et j’ai beau appuyer sur les pédales comme une forcenée, encouragée par les « Allez ! Allez ! » de mon fils derrière moi, je suis « lente comme une limace » dira mon autre fils. Après vérification, la roue arrière est complètement voilée... Mmmm, un vrai délice je vous disais !
Les paysages ne sont même pas chouettes, les points d’intérêt n’en ont aucun...Et comme de bien entendu, loi de Murphy oblige, la pluie s’en mêle et ajoute à cette journée une petite cerise sur le gâteau. Mmmmm, comment vous dire ? Un pur délice c’est ça !
Les 2 jours suivants, nous laissons tomber le vélo et passons à l’assaut du lac Inle et de son voisin le lac Sankar en bateau. Nous y découvrons des berges pleines de vie et un artisanat développé. Ateliers d’argent, de poterie, d’ombrelles ou de tissage de lotus, nous faisons la tournée des grands jours. On slalome entre les masses touristiques que nous arrivons étonnement à bien éviter. J’aime découvrir comment les objets sont fabriqués, et quand tout est fait à la main, je suis rapidement fascinée. Je me réjouis de voir que les enfants sont eux aussi intéressés, ils ne veulent pas partir. Ils essaient la poterie, observent attentivement les façonneurs d’argent, tentent le rouet. Finalement ils préfèrent quand même les visites d’ateliers aux pagodes !
Arrivés au petit village de Sankar, nous débarquons pour faire un tour à pied dans l’unique rue en terre. Les habitations en bambou sont en hauteur, certaines au-dessus de l’eau. En face de l’école, nous achetons quelques beignets de bananes à une femme dans la rue. Son mari nous aperçoit depuis leur maison à côté, il sort avec à la main son assiette de salade de gingembre qu’il est en train de manger et nous tend direct une bouchée avec sa petite cuillère ! Ça c’est de la spontanéité ! Tant pis pour nos précautions d’hygiènes oubliées depuis longtemps, nous piochons tous dans la même assiette avec la même petite cuillère tellement la salade est bonne ! Du coup, ils sortent le thé, les cacahouètes, les sucreries et autres bizarreries et nous nous retrouvons assis par terre sur le bord de la route à manger avec eux ! On communique comme on peut, avec gestes en tous sens et nos quelques mots de birman. On passe un bon moment !
Retour au bercail par le lac, les heures défilent sur la barque mais nous ne voyons pas le temps passer. Nous déambulons dans les canaux et les villages flottants où nous observons la vie sur l’eau, les gens faire la lessive, la vaisselle, se laver, transporter de la terre sur leur pirogue ou aller chercher leurs enfants à l’école. En chemin, nous nous arrêtons dans un temple où la densité de stupas au mètre carré dépasse tout ce que l'on a pu voir jusqu'à présent. L'impression de déambuler dans un jeu d'échec géant!
Un matin, Martial de passage sur le « morning market », a acheté des longyis pour les enfants et lui. Ce sont ces jupes traditionnelles que tous les hommes portent en Birmanie. Pas dans les lieux touristiques ou pour le folklore, mais bien partout, tout le temps et à tout âge. Pour le dernier jour, Anatole et Gabriel ont voulu tenter le coup. Mais pas sans leur papa ! Les trois hommes de la famille se baladent donc avec leur longyis tant bien que mal accrochés autour de leur taille, nous n’avons décidément pas la bonne technique. Ils manquent de se retrouver en caleçon dans la rue toutes les 3 minutes. Les regards que nous croisons sont amusés, les garçons deviennent encore plus source d’attention que d’habitude. Tous les 300 mètres, un homme s’arrête pour leur rattacher correctement leur longyis. C’est drôle !
Le soir, spectacle de marionnettes avec une chouette famille toulousaine rencontrée à l’hôtel. Leurs 2 filles et nos 2 garçons, du même âge, sont devenus copains en moins de 3 minutes. Les séances d’écoles sont mission impossible quand les copines sont dans les parages. Allez, on bosse plutôt sur la socialisation en ce moment !
Voilà, notre séjour ici se termine. Et Myanmar a un sérieux goût de reviens-y...! Nous avons aimé ce pays et ses habitants si accueillants, nous y avons passé les 28 jours que notre visa nous octroyait. Nous nous y sommes sentis bien, tout simplement.
Dans le même temps, nous avons bien conscience de n’avoir vu que la partie émergée de l'iceberg. Des enclaves bien touristiques, des images de cartes postales, des sourires sur tous les visages... Pendant ce temps, à l'ouest du pays, les Rohingyas, minorité musulmane, sont persécutés impitoyablement ; le nettoyage ethnique est en route. Même si nous n'en avons pas entendu parler directement pendant notre séjour ici (il vaut mieux bien préserver les touristes...), ce que nous lisons dans la presse internationale fait froid dans le dos. Un sentiment de malaise m’envahit. Impossible d’occulter la réalité, même s’il est très facile de se refermer dans sa bulle du touriste bienheureux pour ne profiter que du moment présent. Dilemme du voyageur, poids sur la conscience... Le contraste entre ce que nous avons vécu ici et les horreurs perpétrées à l’autre bout du pays me laisse un arrière-gout amer dans la bouche...
On quitte Myanmar à Tachileik, par voie terrestre. L’idée est de rejoindre le Laos, mais comme la frontière entre les deux pays est fermée, nous ferons un petit crochet par le Nord de la Thaïlande.
Après 4 mois de voyage, on est en pleine forme, on est content d’être là, conscients de la chance que l’on a, et on a très envie de continuer. Ça tombe bien, on est à peu près au milieu du périple !
Allez, la bise à tous. Merci pour vos messages, ils sont la récompense de ce blog. Et à très bientôt pour la suite !