Nous arrivons au lac Inle à pied. Comme bien souvent, la marche est le meilleur moyen d’arriver dans un lieu mythique. Certains endroits se méritent !
Les 3 jours de trek que nous faisons avec notre guide Amo nous amènent depuis Kalaw vers le sud du lac Inle. C’est un sentier battu, bien touristique et plutôt fréquenté en cette période, mais heureusement notre guide arrivera toujours à nous faire éviter le gros des troupes.
En plus d’Amo, Wahid, le cuisto, nous retrouve à chaque étape. La nuit, nous dormons chez l’habitant mais c’est Wahid qui prépare nos bons petits plats et sculpte nos fruits tel un artiste. Un régal pour les papilles et pour les yeux! Je me demande encore comment il arrive à faire aussi bon avec aussi peu. Il cuisine accroupi à même le sol au feu de bois sans eau courante. Le concept du robot ménager est finalement très superflu...
La journée, nous marchons à travers les champs de piments, de gingembre ou les rizières. Les paysages sont vallonnés, quelques bœufs tirent des charrues, les gens travaillent dans les champs courbés en deux avec leur chapeau pointu sur la tête. Images de cartes postales. Quand nous les saluons, ils nous retournent notre «Mingalaba » avec un grand sourire. Mais dès qu’ils aperçoivent nos enfants, alors là les visages s’illuminent vraiment ! Même si la communication est difficile, pas d’anglais par ici, nos enfants sont notre sésame, ils nous ouvrent toutes les portes. Anatole surtout attire les regards et concentre les attentions. Ses cheveux ou ses joues bien rouges ont du succès !
Le deuxième jour, Amo s’est un peu perdu...Voilà un bon moyen pour sortir des sentiers battus et éviter les foules ! Une femme croisée dans les champs accourt vers nous, embarque les garçons au pied d’un oranger et leur donne quelques fruits bien juteux. L’après-midi, nous passons devant une école. Amo nous propose d’y entrer. Sur la pointe des pieds, nous nous faisons discrets et n’osons pas déranger. Il y a 4 classes de primaire et les enseignants, sans vraiment parler anglais, nous accueillent avec un grand sourire. Pour quelques instants, Gabriel se joint au « grade 4 » (CM1) et Anatole au « grade 2 » (CE1). Ils ont l’air heureux. Allez chiche, on les laisse une semaine ici ?
Le soir nous dormons chez l’habitant, dans des maisons traditionnelles surélevées en bambou. Le matelas n’est pas bien épais, la douche (quand elle existe) se résume à un seau d’eau froide dans la cour, les toilettes une cahute au fond du jardin. Les gens nous accueillent simplement et nous font partager leur quotidien. Nous participons à l’épluchage des haricots. Les poules, les chats (et un rat mort aussi...) vivent dans la maison. La nuit il ne fait pas plus de 10 degrés et nous disparaissons sous les couvertures.
Le troisième jour est plus difficile, mal aux pieds, la fatigue des 2 premiers jours se fait sentir. C’est quand même 20 kilomètres par jour que nous leur demandons de marcher à nos loustics! Arrivés au terminus, nous sommes tous cuits. Après 30 minutes de pause et un bon jus d’ananas, les voilà qui jouent au foot et se courent après, quand je suis encore avachie dans ma chaise longue.... Comme quoi tout est relatif, on récupère vite quand on a 6 ans!
L’arrivée sur le lac Inle est magique. Le trek se termine au sud du lac, et un bateau nous attend pour nous emmener à NyaungShwe, le village au nord dans lequel nous resterons quelques jours.
De bateau il s’agit en fait d’une barque équipée d’un moteur (trèèès bruyant) où nous sommes alignés à la queue-leu-leu sur des chaises rembourrées tout confort. Nous nous laissons guider dans ce dédale de canaux, nous découvrons les habitations sur pilotis et les cultures flottantes caractéristiques du lieu, sans oublier les pécheurs acrobates qui rament avec le pied pendant qu’ils posent leur filet. C’est l’heure de la sortie de l’école et les élèves rentrent chez eux à la rame. Le lac Inle ou la vie sur l’eau... La lumière du soleil couchant est parfaite, la douceur du lac reposante. Pur moment de bonheur.
